Connaissez-vous l’UQROP ?
L’Union québécoise de réhabilitation des oiseaux de proie est un organisme à but non lucratif dédié à la sauvegarde et la protection des oiseaux de proie. L’organisme basé à Saint-Hyacinthe en est à sa trentième année d’existence. Son fondateur est le vétérinaire Guy Fitzgerald qui a aussi créé, un an auparavant, la Clinique des oiseaux de proie (COP) avec qui l’UQROP collabore.
Grâce à son centre d’interprétation Chouette à voir ! qui est situé sur le Rang Salvail sud, près de Saint-Jude et son programme éducatif, L’UQROP remplit l’un de ses mandats qui vise la sensibilisation du grand public à la protection des oiseaux de proies en lui offrant diverses activités éducatives (trousses pédagogiques, conférences, centre d’interprétation)
Ces oiseaux ont généralement la cote auprès du grand public. Il suffit de poster dans les réseaux sociaux une photo de chouette ou de hibou pour voir les clics se multiplier. Ceux qui émerveillent tant grands et petits sont pourtant fort méconnus. Cet intérêt que lui voue actuellement le grand public n’a pas toujours été ainsi. Dans le passé, nombreux sont ces oiseaux qui ont été pourchassés de la même manière que de soit-disant sorcières ou encore simplement chassés parce que vus comme des pilleurs de basse-cours ou de petits bétails. Aujourd’hui, la perte d’habitat, la contamination des écosystèmes et les interactions négatives avec l’homme sont autant de facteurs qui mettent en péril plusieurs des 27 espèces que l’on retrouve au Québec.
Le principal mandat de l’UQROP est justement centré sur la réhabilitation des oiseaux de proies, d’abord en les faisant mieux connaître, mais surtout en leur venant directement en aide. Chouettes, hiboux, éperviers, faucons, buses ou pygargues blessés sont d’abord récupérés pour être soignés. Dans le meilleur des scénarios, les oiseaux recouvrent la santé puis réhabilités à la vie sauvage avant d’être relâchés.
Les cas qui exigent un support médical seront pris en charge par la COP. Quelques individus qui auront été trop imprégnés par leur contact avec l’humain avant leur admission à la COP deviendront des ambassadeurs. Malheureusement, dans les pires cas, les oiseaux devront être euthanasiés. À chaque année c’est près de 350 oiseaux qui sont ainsi reccueillis par l’équipe de l’UQROP. Près de la moitié de ces oiseaux sont remis en liberté.
Une mission sans but lucratif
L’UQROP ne peut compter sur une aide financière récurrente pour réussir à rescaper autant d’oiseaux. Si l’équipe de vétérinaires et de techniciens qui soigne les oiseaux est financée par la Faculté de Médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, la majeure partie du matériel, des installations, de la nourriture et du transport des oiseaux est dépendante de dons, de commandites et de bénévolat. Outre des commanditaires et la cotisation des membres qui souhaitent adhérer à la mission de l’UQROP, l’organisme propose diverses activités au grand public.
Il est ainsi possible durant l’été, mais aussi lors de la période de la relâche scolaire, de leur rendre visite sur le site où se trouvent des volières et le centre de réhabilitation, du Rang Salvail sud. Un centre d’interprétation accueille les visiteurs et leur permet d’en apprendre davantage sur ces oiseaux magnifiques. On peut y rencontrer des bénévoles, faire la connaissance des oiseaux ambassadeurs et même s’offrir une séance de photos avec l’un d’eux. Tous les profits permettront de maintenir les activités de l’UQROP.
Une dizaine de volières nous permettent d’observer de près plusieurs espèces indigènes du Québec, certaines très rarement aperçues en nature
Et si l’un des pensionnaires est prêt à reprendre sa liberté, nous aurons non pas seulement la chance d’assister à sa remise en liberté, mais aussi celle d’y participer. En effet, ce privilège est simplement mis à l’encan parmi les visiteurs présents. Le plus offrant sera ainsi le dernier être humain à manipuler l’oiseau relâché vers la liberté.
Lors de ma visite du 4 mars dernier, c’est au gagnant du concours photo 2016 organisé par l’UQROP, monsieur Richard Turmel, à qui est revenu cet honneur. On peut dire qu’il s’agit d’un premier prix qui sort de l’ordinaire. Il a pu relâcher une Chouette rayée qui avait été recueillie quelques mois auparavant, pour un traumatisme crânien. Au programme, ce jour-là, nous avons aussi eu droit à la remise en liberté d’un Faucon émerillon qui avait été blessé à l’aile.
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Malgré le froid qui a su mettre à l’épreuve l’ensemble des bénévoles présents, j’ai passé un très bel après-midi auprès d’oiseaux qui ne manquent pas de nous impressionner par leur prestance, leur regard et leur beauté. Merci à l’équipe pour son accueil et son dévouement.
Appâtage des oiseaux de proies
Voilà un sujet qui ne manque pas de soulever la polémique à chaque fois qu’il est évoqué. Je profite de cette visite d’un centre de réhabilitation qui voit passer une multitude de cas, tous aussi différents les uns des autres pour aborder ce sujet. L’appâtage consiste à attirer des rapaces, principalement des hiboux ou des chouettes, à l’aide d’appâts vivants (le plus souvent des souris provenant directement d’une animalerie) ou de leurres, ceci dans l’unique but de les observer de près et surtout de les photographier plus facilement.
Cette pratique fort heureusement dénoncée par la majorité des organismes voués à la protection de la faune, par les divers clubs d’ornithologie et de nombreux photographes professionnels, connait aussi ses adeptes. Même si elle permet d’obtenir des images spectaculaires, nourrir ainsi à l’aide de proies vivantes ou en l’attirant avec des leurres un Harfang des neiges, une Chouette épervière ou une Chouette lapone peut s’avérer beaucoup plus néfaste pour l’oiseau qu’il n’en paraît. L’association inévitable que le rapace établira entre l’homme et un casse-croûte facilement obtenu le rapproche dangereusement des routes, augmentant ainsi les risques de collision. Le harcèlement que peuvent subir ces oiseaux ou même la suralimentation sont aussi des facteurs nuisibles alors que l’équilibre entre la conservation et les dépenses énergétiques est critique durant l’hiver. Il faut savoir que la pression peut être forte lorsqu’un photographe a investit dans un forfait lui garantissant des photos extraordinaires. L’intérêt de l’oiseau passe forcément en second, dans ces cas-là.
Le mieux que l’on puisse faire est de se contenter d’observer un de ces rapaces au naturel et surtout, de ne pas cautionner une telle pratique par nos marques d’appréciation répétées lorsque de telles images sont exposées sur les différents réseaux sociaux. Dans le doute, pourquoi ne pas poser la question à l’auteur des photos ?
Pensionnaires des volières de l’UQROP
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À savoir
Tous les oiseaux de proie sont protégés par une loi provinciale. Il est par conséquent interdit de les chasser, de les pourchasser ou d’en posséder un. Si on trouve un oiseau blessé ou mort, il faut nécessairement le déclarer auprès d’un agent de la faune.
Pour en savoir plus sur l’UQROP: https://www.uqrop.qc.ca/fr/
Que faire si vous trouvez un oiseau de proie blessé ou mort ? Clinique des oiseaux de proie
Un article de la Audubon Society à propos de l’appâtage des oiseaux de proie: Why You Shouldn’t Feed or Bait Owl
Lectures complémentaires sur l’appâtage de rapaces:
http://www.michaelfurtman.com/On_Owl_Baiting.htm
http://theafternoonbirder.com/owl-baiting/
Merci à Gabriel Beaupré Lacombe pour ma photo en compagnie d’un Faucon pèlerin
Et un merci tout spécial à Jacinthe Fréchette-Blondin pour ses judicieux commentaires. Jacinthe est une ancienne employée de l’UQROP. Elle a eu l’immense bonheur de remettre en liberté, la semaine précédente, un superbe Pygargue à tête blanche juvénile.
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